Préface
|
La
fermeture de l'Espace Eiffel-Branly, lieu déjà regretté
par certains, a provoqué le très néfaste éclatement
des Salons d'artistes parisiens. Le plus grand nombre a été
envoyé, par notre ministère de tutelle, à la Porte
d'Auteuil, dans un autre Espace, assez agréable en soi, mais trop
peu visité et où se pratiquent des tarifs locatifs exorbitants,
même si l'on nous dit qu'il sont normaux aujourd'hui. Cela nécessite
d'incroyables jongleries financières pour nos Salons, frôlant
la catastrophe, risquant d'entraîner la disparition pure et simple
de certains d'entre eux. Le Salon Jeune Création, lui, a été
envoyé à La Villette, à une mauvaise période
d'exposition. Dans tous les cas, depuis le changement, les taux de fréquentations
sont tous en chute libre
Grands et Jeunes d'Aujourd'hui est envoyé en plein centre de Paris, à la prestigieuse Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA, pour les initiés). C'est la première fois, dit-on, qu'un Salon d'artiste investit ce lieu prestigieux, depuis sa création. Bravo ! Mais la place nous manque dans ces deux salles que certains doivent nous envier, malgré tout. Nous y perdons la moitié de nos exposants : au lieu de plus de quatre cents artistes, avec chacun une uvre de grandes dimensions, nous n'arrivons même pas à y exposer la moitié d'entre eux. Et chacun doit réduire drastiquement sa présentation en la ramenant à un format, hélas obligatoire, beaucoup trop modeste, tant pour les peintres que pour les sculpteurs. Les nombre des Délégations nationales, une de nos spécificités majeures, a dû être ramené à cinq, limitées à huit artistes seulement, au lieu de vingt habituellement. L'impact et le prestige ne sont plus les mêmes, ni pour les artistes, ni pour les visiteurs, ni pour l'internationalisation croissante du Salon. Chacun sait l'importance de ces Délégations nationales dont nous sommes les premiers initiateurs. Cette idée a été souvent reprise depuis, ce qui montre bien son intérêt. Souhaitons, une nouvelle fois que les Salons perdurent, mais pour combien de temps ? Jamais la situation n'aura été aussi précaire pour le plus grand nombre de nos Associations, et ce, reconnaissons-le, malgré les efforts pratiqués par le Ministère de la Culture, au cas par cas. Les dizaines de milliers d'artistes concernés, grands ou jeunes, vivants en France ou dans le monde, devront-ils, pour la plupart, cesser d'exposer à Paris ? Ainsi, les meilleures volontés s'érodent-elles. Le bénévolat s'estompe. Alors, prenons bien garde de ne pas laisser mourir ces fondamentales courroies de transmission de l'art vivant. Tout en continuant à ignorer le mépris constant de ces nombreux artistes, aujourd'hui devenus institutionnels (donc fameux !), qui ont été si heureux, à leurs débuts, d'exposer sur nos cimaises, toujours restées ouvertes à la qualité et au pluralisme. |